Défi n°3 : Enraciner l’enseignement de l’Église sur la sexualité dans l’ensemble de sa théologie, plutôt que de se contenter de déclarer son éthique.

un couple se tient la main face au soleil couchant

Quelques mots suffisent pour décrire l’éthique chrétienne en matière de sexualité dans toute sa simplicité : « Il ne devrait pas y avoir de relations sexuelles hors du cadre d’un mariage entre un homme et une femme ». Mais aujourd’hui, la plupart des jeunes demanderont : « Pourquoi ? Pourquoi les relations sexuelles en dehors du mariage (ou avec une personne du même sexe) sont-elles mauvaises ? ».

La théologie chrétienne répond que la sexualité fait partie de l’image de Dieu – elle doit refléter Dieu et, en particulier, son amour rédempteur. La sexualité n’a pas pour but d’accroître le pouvoir de qui que ce soit, mais de renoncer mutuellement à son pouvoir en faveur de l’autre, dans l’amour, comme le Christ l’a fait pour nous. La réponse chrétienne à la question « Pourquoi les relations sexuelles doivent-elles se dérouler dans le cadre du mariage hétérosexuel ? » nous plonge au cœur même de l’Évangile. Nous ne devrions donc pas présenter l’éthique sexuelle sans l’enraciner dans les doctrines bibliques de Dieu, de la création et de la rédemption. C’est en tout cas ce qu’affirme Paul. Après nous avoir rappelé que nous sommes unis au Christ par l’Esprit (« celui qui s’unit au Seigneur devient […] un seul esprit avec lui. »), il dit immédiatement : « fuyez l’inconduite sexuelle [porneia] » (1 Co 6.17-18, BDS). Pourquoi les relations sexuelles en dehors du mariage sont-elles mauvaises ? Notez que Paul ne se contente pas de dire « C’est mal parce que la Parole de Dieu le dit », bien qu’il aurait certainement pu le faire. Il écrit plutôt : « Ou bien encore, ignorez-vous que votre corps est le temple même du Saint-Esprit […] ? » (1 Co 6.18-19).

Il affirme que l’immoralité sexuelle est condamnable en raison de notre union avec le Christ, qui doit servir de modèle à l’union sexuelle.

À quoi sert donc la sexualité ? C’est un poteau indicateur du dessein d’amour salvateur de Dieu, et c’est un moyen d’expérimenter, du point de vue horizontal, c’est-à-dire entre deux êtres humains, quelque chose de ce même modèle d’amour que nous connaissons, d’un point de vue vertical, dans le Christ. Développons.

Ancrer les objectifs de la sexualité dans la théologie biblique

1. De même que l’union avec le Christ est une relation d’amour exclusive, fondée sur l’alliance et le don de soi, de même l’intimité sexuelle ne peut être vécue que dans le cadre de l’alliance du mariage.

De même qu’il n’y a pas d’intimité avec Dieu sans entrer dans une alliance avec lui, de même il ne peut y avoir d’intimité sexuelle sans entrer dans une relation d’alliance exclusive et permanente avec son conjoint. La culture moderne transforme toutes les relations sexuelles en relations consuméristes, en transactions. Le rapport qui unit les consommateurs consiste à collaborer pour atteindre la satisfaction personnelle de chacun ; les besoins individuels sont les points non négociables et sont plus importants que la relation, qui est temporaire et peut facilement prendre fin. Une alliance, en revanche, est fondée sur le don de soi de chacun des partenaires, qui font passer les besoins de l’autre et le bien de la relation avant leurs propres intérêts. Dans le mariage, les époux abandonnent leur indépendance au profit de l’interdépendance. Ils se donnent entièrement l’un à l’autre – affectivement, physiquement, juridiquement, économiquement. Nous ne devons pas « diviser le moi » comme le fait la modernité, où les partenaires sexuels donnent leur corps à l’autre, mais pas le reste d’eux-mêmes. La règle « pas de relations sexuelles en dehors du mariage » est-elle « sexuellement négative », comme elle paraît l’être pour nos contemporains ? Bien au contraire ! Cette règle élève la sexualité qui, d’un simple bien de consommation, devient un moyen de créer la communauté la plus profonde entre deux êtres humains – ainsi qu’un moyen d’honorer et de refléter celui qui s’est donné entièrement pour nous afin que nous devenions libres de nous donner exclusivement à lui.

2. De même que l’union avec le Christ est une relation entre des êtres profondément différents (Dieu et l’humanité), de même l’intimité sexuelle ne peut être vécue que dans une union qui transcende la profonde différence des sexes.

Éphésiens 5.31-32 interprète Genèse 2.24 de manière christologique. Paul dit que lorsque Dieu a créé l’union conjugale, il l’a fait pour nous donner un mysterion – un signe indiquant l’amour et l’union du Christ avec nous. Le lien homme-femme ne peut servir d’analogie à l’union Christ-Église que si les partenaires sont sensiblement différentes.

Le miracle de notre union en Christ est que l’humanité et la divinité – aliénées par le péché – sont maintenant unies, d’abord dans la personne du Christ lui-même, puis dans notre union avec lui par l’intermédiaire du Saint-Esprit. De la même manière, le génie du mariage consiste en ce que les deux sexes – eux aussi aliénés par le péché (Gn 3.16-17) – sont réunis dans une union d’amour. La règle du « mariage uniquement entre un homme et une femme » est-elle étroite, comme elle paraît l’être pour nos contemporains ? Bien au contraire ! L’homosexualité n’honore pas le besoin de cette riche diversité de perspectives et d’humanité sexuée dans les relations sexuelles. L’une des grandes ironies de la modernité tardive, qui célèbre la diversité dans tant d’autres secteurs culturels, est que nous avons dévalorisé l’ultime unité dans la diversité : le mariage entre personnes de sexes opposés. L’homme et la femme ont chacun des qualités et des splendeurs, des perspectives et des capacités que l’autre sexe n’a pas et ne peut pas reproduire. De même qu’une société ou une église entièrement masculine ou féminine ne pourrait faire autrement que s’appauvrir, de même aussi un tel mariage.

3. De même que l’union avec le Christ apporte une vie nouvelle dans le monde, de même Dieu n’a accordé qu’au mariage homme-femme la capacité de créer une nouvelle vie humaine et les meilleures ressources pour cultiver cette vie.

Dans Genèse 1, c’est aux êtres humains en tant qu’homme et femme (v. 27) que Dieu dit « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre » (v. 28). Ce n’est qu’à cette union homme-femme que Dieu confère la capacité de produire une nouvelle vie humaine. Dans le mariage, l’homme et la femme forment une unité profonde capable de donner la vie. Et si un mariage suscite de nouvelles vies dans le monde, la présence d’un père et d’une mère donne aux enfants des relations profondes et durables et une confrontation avec ces deux moitiés de l’humanité que sont les deux sexes, et donc à tout l’éventail des forces et des capacités humaines. Là encore, cela renvoie au modèle de notre union avec le Christ. Tout comme l’union de l’homme et de la femme produit le « fruit des entrailles […] une récompense » (Ps 127.3, LSG), de même aussi l’union du Christ avec son peuple produit le fruit de la vie nouvelle en Christ, par la conversion (Jn 15.16 ; Rm 1.13 ; Col 1.6, 10) et la croissance dans la ressemblance avec le Christ (Ga 5.22-23).

Résumé

Pour résumer : la sexualité est destinée (a) au don de soi, qui n’est complet que s’il y a une alliance à vie, (b) au franchissement de la barrière entre l’homme et la femme, et (c) à la création et à l’épanouissement de la vie. Ces objectifs théologiques expliquent l’éthique – pourquoi l’intimité sexuelle ne doit être vécue que dans le cadre du mariage entre un homme et une femme.

Foyer Évangélique Universitaire