Vers une apologétique chrétienne sur la sexualité

un couple se tient la main face au soleil couchant

Argumentaire en faveur de la vision chrétienne du mariage

Dès lors, comment construire une apologétique concernant la sexualité ? Premièrement, tout en ancrant les trois objectifs de la sexualité dans notre théologie biblique, nous devons aussi confronter ces objectifs au métarécit dominant, de manière à le critiquer tout en nous appuyant sur lui. Ainsi, nous pouvons dire au monde que le christianisme comprend l’intimité sexuelle comme étant :

1. Superconsensuelle

Les chrétiens croient que l’intimité sexuelle est réservée, non pas à ceux qui se contentent d’un consentement temporaire le temps d’une aventure, mais à ceux qui, par le mariage, donnent un consentement permanent, à vie. Et même au sein du mariage, les relations sexuelles doivent être mutuellement consenties (1 Co 7.1-4). Nous croyons que cela reflète la manière dont nous connaissons Dieu – uniquement à travers une alliance d’amour exclusif.

2. Fondée sur la diversité des genres

Les chrétiens croient que Dieu a réparti entre les sexes des capacités, des perspectives et d’autres dons qui leur sont propres. Nous ne croyons pas que les hommes puissent reproduire tous les dons des femmes, ni que les femmes puissent reproduire ce que les hommes ont. Nous pensons que le mariage entre personnes de même sexe ne permet pas de mettre en pratique la diversité des sexes que nous souhaitons voir dans d’autres domaines de la vie. Mais nous croyons que l’union de l’homme et de la femme reflète l’union de Dieu et de l’humanité à travers le Christ.

3. Féconde

Les chrétiens reçoivent comme étant la volonté de Dieu la réalité biologique selon laquelle l’union sexuelle d’un homme et d’une femme peut produire une nouvelle vie humaine. C’est pourquoi nous pensons qu’il est juste de n’accorder l’institution du mariage qu’à une relation homme-femme. Non seulement cette relation est-elle la seule apte à susciter une nouvelle vie humaine, mais de plus, elle seule expose les enfants en développement à toute la gamme de notre humanité sexuée, grâce à la présence d’une mère et d’un père.

Le contre-métarécit chrétien concernant la sexualité

1. La brutalité de la sexualité dans l’Antiquité

La société gréco-romaine est le précurseur historique de toute la culture occidentale. Dans le monde antique, les normes sexuelles étaient très permissives. La sexualité était considérée comme un simple moyen d’accroître le plaisir personnel et l’épanouissement des détenteurs du pouvoir. Ainsi, toutes les relations sexuelles étaient permises tant qu’elles ne bouleversaient pas l’ordre social de l’époque – les hommes sur les femmes, les propriétaires sur les esclaves, les riches sur les pauvres. Alors que les épouses ne pouvaient pas avoir de relations sexuelles avec d’autres personnes, leurs maris le pouvaient avec plus ou moins qui ils voulaient. Cela a induit beaucoup de brutalité.

2. Une nouvelle identité personnelle

Le christianisme est entré dans le monde avec un message de grâce : il devenait possible d’avoir une communion personnelle avec Dieu dans une relation d’amour, donnée gratuitement à travers l’œuvre de Jésus, le Fils de Dieu – sa mort et sa résurrection pour nous. Ce message de salut par la grâce – plutôt que par les bonnes œuvres, la moralité, la respectabilité ou les privilèges de la naissance – a eu un effet de nivellement social. Les chrétiens qui avaient un haut statut social se trouvaient exactement au même niveau que les exclus et les personnes au passé peu recommandable : celui de pécheurs ayant besoin de la grâce (cf. Jean 3 et Jean 4).

3. Une nouvelle éthique sociale

Cette nouvelle identité personnelle était unique. L’estime de soi des chrétiens n’était pas basée sur la performance ou sur la façon dont ils étaient considérés par leur famille ou la société. La culture avait perdu son pouvoir sur les croyants de définir leur statut. Cela signifiait également que les chrétiens étaient tous égaux en Christ – tous pécheurs ayant besoin de la grâce, et tous aimés, justifiés et adoptés en tant qu’enfants bien-aimés de Dieu. Cette nouvelle identité a eu de nombreuses conséquences pratiques. La communauté chrétienne était la première communauté religieuse multiethnique, réunissant comme jamais auparavant riches et pauvres. Les relations au sein de la communauté chrétienne devaient être fondées sur le don de soi et l’amour allant jusqu’au sacrifice de soi, plutôt que sur la classe ou le statut.

4. Une nouvelle vision de la sexualité

Mais l’une des implications les plus frappantes de cette nouvelle identité et de cette nouvelle éthique sociale concerne les relations sexuelles. Les chrétiens réclamaient que la sexualité ne soit pas fondée (comme dans la société romaine) sur le pouvoir, mais sur l’amour, qu’elle soit captive non pas de la culture, mais du Christ qui s’est donné pour nous et nous a fait entrer dans une relation avec lui qui était exclusive et fondée sur une alliance. L’amour sexuel devait refléter l’amour salvateur de Dieu, ce qui signifiait que la sexualité était fondée sur deux principes. Premièrement, le principe du don de soi. De même que le salut et l’intimité avec Dieu ne sont possibles que dans le cadre d’une relation d’alliance exclusive et permanente avec Dieu, de même l’intimité sexuelle ne peut être vécue que dans le cadre du mariage. Deuxièmement, le principe de la diversité des genres. Tout comme le salut crée une union entre Dieu et l’humanité – une unité qui relie des êtres profondément différents – de même le mariage réunit des êtres aussi différents que l’homme et la femme. Puisque chaque sexe possède des splendeurs et des capacités que l’autre sexe ne peut reproduire, cultiver la diversité des sexes dans le mariage permet de combiner toute la gamme de qualités et de capacités humaines.

5. Les échecs de la société occidentale

Des lois imposant des normes sexuelles chrétiennes à l’échelle d’un pays sans lien avec la vision élevée de l’amour et de la grâce du Christ développent une sorte de « négativité sexuelle » conduisant, en bien des endroits, à associer toute relation sexuelle à une chose honteuse. De plus, lorsque les mœurs sexuelles chrétiennes sont appliquées par une population qui, pour une large part, ne porte de chrétienne que le nom – c’est-à-dire sans une conviction claire d’être des pécheurs sauvés par pure grâce – ces mœurs sont le plus souvent imposées avec brutalité, au point même de traiter avec cruauté des adolescentes enceintes ou de jeunes homosexuels. Et bien souvent, les dirigeants ne se contentent pas de violer la morale qu’ils professaient, mais aussi utilisaient leur pouvoir pour imposer des relations sexuelles à d’autres, comme le faisaient autrefois les Romains. Ceux qui n’avaient pas de pouvoir se sentaient exclus et opprimés.

6. La révolution sexuelle moderne

La révolution sexuelle moderne a été, dans une certaine mesure, une réaction à ce régime brutal. Cependant, il est évident que cette révolution échoue à bien des égards. Si les contemporains ont conservé l’idée du consentement mutuel (une idée issue du christianisme), ils ont dissocié la sexualité de l’engagement de toute une vie. Cela signifie que nous avons régressé en direction du monde antique, où la sexualité visait à l’épanouissement personnel plutôt qu’au don de soi dans l’amour. La sexualité est devenue une transaction, un bien de consommation dans lequel les deux partenaires échangent des faveurs uniquement dans la mesure où leurs propres besoins sont satisfaits. Il en résulte qu’un grand nombre de personnes se sentent utilisées lors de relations sexuelles (et, par conséquent, abandonnent l’intimité sexuelle au profit de la stimulation numérique ou d’autres formes de satisfaction et de distraction socialement acceptables) ; ou bien ne ressentent pas le besoin de se marier et d’avoir des enfants ; ou encore se sentent seules et isolées, puisque de moins en moins vivent en famille. Ces tendances sont particulièrement dévastatrices pour les communautés les plus pauvres et l’on peut donc dire que l’éthique sexuelle moderne frappe le plus durement ceux qui ont le moins de pouvoir et de protections sociétales.

7. La contre-culture sexuelle chrétienne

Les chrétiens continuent de croire que la sexualité doit être enracinée dans le grand récit de l’amour salvateur de Dieu. Notre culture nous dit que nous devons découvrir nos désirs les plus profonds pour les exprimer, afin de devenir des personnes authentiques. Mais la réalité est que notre cœur nous pousse dans bien des directions contradictoires. Nous avons besoin d’une référence extérieure pour nous aider à déterminer lesquels de nos désirs et instincts doivent être cultivés, et lesquels ne doivent pas l’être. Les anciens comme les modernes ont laissé leurs cultures fixer les normes. Le christianisme dit : « Ne laissez pas votre communauté ou votre culture fixer les normes et juger de votre valeur. Laissez la Parole de Dieu fixer votre grille de lecture morale pour comprendre votre cœur. Et laissez l’amour et la grâce de Dieu, à travers Jésus-Christ, façonner au plus profond de vous-mêmes votre valeur et votre identité. ».

Nous croyons que ce lien entre l’amour de Dieu et la sexualité, incarné par le modèle biblique du mariage, est pour les humains le cadre le plus favorable pour vivre et s’épanouir.

Foyer Évangélique Universitaire